Conférences à chanter

Conférence chantée aux Suds à Arles Juillet 2023. Photo Yann Etienne

30 ans de rencontres, de réflexions autour de la pratique du chant populaire et de la polyphonie, m’ont donné envie de partager deux affirmations fortes:

1) chanter, c’est politique, c’est à dire essentiel à la survie de l’humanité et à la vie en société,

2) chanter à plusieurs, c’est affirmer le primat du « nous » sur le « je » et plus encore sur le « moi ». Je développe ces deux assertions dans deux conférences à partager, interactives et ludiques.

Une histoire de la polyphonie.

« Fils d’un pasteur mélomane, et d’une pianiste monomaniaque de Bach, la polyphonie, je suis tombé dedans quand j’étais petit… J’ai biberonné de la Messe de Machaut, du choral de Bach, du Oh happy day jusqu’à plus soif! »

C’est par ces mots qu’Emmanuel Pesnot, chanteur, chef de chœur, et professeur de chant introduit un passionnant voyage à partager dans l’histoire de la polyphonie. Rebuté comme tant d’autres par l’enseignement « officiel » de la musique, mais passionné par le chant à plusieurs, il nous invite à nous interroger sur cette pratique courante, mais qui ne manque pas de susciter des interrogations.

Pourquoi nos lointains prédécesseurs en Occident se sont-ils mis à chanter à plusieurs voix ? Et pourquoi en Occident et pas ailleurs ? Quelles sont les phénomènes physiques qui expliquent l’avènement de ces pratiques ? Certainement pas le solfège -cette tentative désespérée d’expliquer la musique-, mais une expérience collective et empirique, fondée sur les lois de l’acoustique !

Ce moment est donc un moment à partager : par l’écoute et le chant, mêlant théorie et humour, Emmanuel Pesnot nous fait revivre plus de dix siècles d’une expérience passionnante. Pas de technologie ici, ni de réalité virtuelle, pourtant ces corps et ces âmes qui s’unissent pour dire le monde et tenter de trouver un sens collectif au chaos dans lequel nous jette l’individualisme dessinent un espace inouï, impensé et réjouissant… Infos et conditions

Une histoire politique du chant populaire.

Au-delà des phénomènes de modes, cette conférence pose une affirmation : la pratique du chant, en particulier collectif, procède le plus souvent d’un acte politique. Pour au moins quatre raisons :

  • C’est la parole, et donc le chant, qui fait sortir l’enfant de la fusion avec la mère, et le socialise, le transformant de facto en animal politique, comme le décrit Aristote, c’est à dire capable d’interactions sociales avec le groupe.
  • Le chant collectif est un vecteur puissant de socialisation, et d’affirmation d’une identité de groupe, il a contribué et contribue encore à la transe collective.
  • Les chants populaires ont toujours une fonction de description de phénomènes ou de situations, pour transmettre, prévenir, alarmer… C’est un rôle social, religieux, et donc éminemment politique.
  • Enfin, le succès des chorales en général, et en particulier de celles qui se présentent comme engagées montre une volonté de reprendre la parole, car comme l’écrit Heidegger, « L’homme est homme en tant qu’il parle [et chante] » ! Cette conférence est à partager : elle est précédée d’une heure d’apprentissage (ouverte à toustes, à titre individuel, ou en tant que chorale constituée!) de trois ou quatre chants qui seront chantés lors de la conférence. Et, à l’intérieur même, il sera fait appel au public pour des expériences polyphoniques, vibratoires et politiques ! Détails et conditions.